La consultation d’un enfant est une démarche qui entraîne souvent une remise en question de la dynamique familiale. Parents et enfants sont amenés à se recentrer et mieux trouver leur place grâce aux remaniements positifs apportés par la consultation.

Parfois, le processus entraîne un des membre de la famille – un parent, une sœur ou un frère – à formuler une nouvelle demande d’aide.

Il est ainsi fréquent que les parents s’adressent au psychologue qui a suivi leur enfant pour répondre à la demande d’un autre enfant de la fratrie qui a besoin d’aide.

C’est tout à fait logique de procéder ainsi, mais la déontologie interdit au psychologue de répondre positivement à cette demande.

Les frères et sœurs ne peuvent pas consulter le même psychologue.

Je vous explique pourquoi…

En dehors du cas de la thérapie familiale, quand un psychologue démarre un suivi psychologique ou une thérapie avec un enfant, il ne peut pas prendre le frère ou la sœur de l’enfant en thérapie.

C’est le cas pendant toute la durée du suivi mais aussi quand la thérapie de l’enfant est terminée.

Ce principe déontologique et éthique garantit au patient le plus de neutralité possible par rapport à l’aide que le psychologue lui apporte.

Alors que ce passe-t’il quand j’ai une demande d’un parent pour un frère ou une sœur d’un enfant que j’ai déjà suivi ?

J’accueille évidemment la demande et j’explique aux parents, que je vais les orienter vers un autre psychologue.

Je leur explique que leur enfant sera ainsi suivi dans un cadre extérieur et neutre parce qu’il est important que chaque enfant d’une même fratrie dispose de son propre espace thérapeutique, s’il en en exprime le besoin.

Ce n’est qu’à cette condition que l’enfant peut investir librement et en toute confiance la relation au thérapeute.

Cela évite également de créer ou renforcer un sentiment de rivalité inconsciente qui fait partie intégrante de la thérapie et qui se travaille dans la relation de transfert.

Les demandes sous-jacentes à un besoin de prise en charge des frères et sœurs dépendent souvent de l’âge de l’enfant.

Entre 3 et 5 ans, le besoin de consultation est souvent lié à une demande d’exclusivité. Par exemple, un enfant de la fratrie est suivi par un thérapeute et le plus jeune manifeste des difficultés de comportement. Ces manifestations expriment le besoin de l’enfant qu’on s’occupe de lui et d’avoir également son propre espace thérapeutique.

Dans ce type de situation, le travail du thérapeute consiste à dénouer les enjeux de cette demande avec l’enfant et ses parents. Il s’agit de comprendre les implications au niveau de la dynamique familiale en proposant une aide adaptée à l’enfant en lien avec ses parents.

Vers l’âge de 6 ou 7 ans, la demande de l’enfant évolue car il devient plus mature sur le plan psychologique. Il va se saisir de manière différente de cette demande de «parler» avec un psychologue même si cela reste beaucoup à l’initiative des parents.

Entre 8 et 12 ans, la demande de consultation de l’enfant devient plus personnelle même si elle est liée en grande partie à la dynamique familiale. Ces demandes s’inscrivent en général dans un contexte, en rapport avec le fait qu’un frère ou une sœur a été suivi en thérapie. Toutefois, même s’il peut y avoir un lien, ce n’est pas toujours la motivation principale de consultation pour l’enfant.

Dans tous les cas,je prends toujours le temps de bien expliquer aux parents et à l’enfant, la démarche et les limites de l’intervention. C’est indispensable pour répondre au mieux à la demande d’aide et pour que chacun retrouve un meilleur équilibre personnel au sein de la famille.