Accepter son vécu et ses ressentis, c’est ce qui permet d’avancer
Nous voilà déconfinés et en route vers un retour à une vie un peu plus normale malgré la vigilance accrue des derniers jours.
En famille, en couple, entre collègues ou entre amis, on se pose tous la question du moment…
Comment-vous sentez vous ?
Depuis quelques mois, c’est aussi une question sous-jacente dans le cadre des consultations psychologiques auprès de mes patients. La crise sanitaire est toujours aussi présente dans les esprits.
Tout le monde se demande comment il se sent et pour beaucoup, la réponse n’est pas toujours claire.
Conséquences psychologiques de la crise sanitaire
Pour la plupart d’entre nous, la crise sanitaire du COVID est arrivée comme un coup de massue. Nous avons tous des vécus et souvenirs différents des confinements successifs mais cela a laissé une empreinte. C’est une évidence.
Les traces dans le psychisme sont variées et montrent des degrés de gravité différents selon les individus.
Les 15 derniers mois de confinements et de restrictions ont constitué une sorte de passé collectif, d’évènement vécu en commun par chacun d’entre nous dans son coin.
Les impacts ont été multiples, sur :
- Le moral
- La façon de vivre au quotidien
- Le travail
- Les relations sociales
Le confinement, en particulier le premier de mars 2020, a été soit assez bien vécu ou, au contraire, assez mal vécu. Il n’y a presque pas d’entre-deux.
Ceux qui l’ont mal vécu en parlent comme d’un évènement qu’ils veulent à tout prix oublier.
Ceux qui l’ont bien vécu en parlent comme d’une parenthèse qu’ils ont apprécié sans forcément vouloir y retourner.
Et pourtant, chacun de ces vécus a des conséquences plus ou moins anxiogènes quand on parle du retour à la « vie normale » .
Pour surmonter les difficultés potentielles, il me semble important d’accepter votre ressenti. Il est normal d’être dans un des deux cas de figure suivants :
- Vous avez bien vécu le confinement, vous êtes dans une idéalisation quasi-nostalgique de cette période.
- Vous avez mal vécu le confinement, vous détestez cette période et vous redoutez sa simple évocation.
À vrai dire, contrairement au vécu qui est polarisé entre bien et mal vécu, le ressenti est plus nuancé. Je constate une sorte d’entre-deux qui va de l’idéalisation à la détestation de cette période.
Accepter son vécu et ses ressentis pour avancer
Le travail essentiel à faire sur soi est d’accepter son propre vécu qu’il ait été positif ou négatif. On ne peut pas faire comme si de rien n’était.
Cette expérience a existé. Il faut lui donner du sens qui est forcément différent pour chacun d’entre nous. C’est une démarche de prévention par rapport à notre moral et notre santé mentale.
Pour le dire plus familièrement, il s’agit d’éviter de mettre la poussière sous le tapis. C’est la seule manière d’éviter que toutes les émotions ne reviennent plus durement dans quelques semaines ou quelques mois.
Les restrictions ont beaucoup affecté le moral. Cela a mis la plupart d’entre nous face à des limites externes qui ont conduit à nous confronter à nos propres limites internes :
- Tolérance ou intolérance aux restrictions
- Gestion de l’incertitude
- Gestion de l’angoisse
- Gestion de la frustration
La limitation des libertés et des relations sociales en a conduit certains à développer une sorte de « phobie sociale ». D’autres ont éprouvé le besoin de transgresser les limitations à cause du manque de relations sociales.
On a tous pu ressentir des sentiments mélangés au cours de cette période.
La lourdeur des restrictions est levée progressivement et c’est pour le mieux.
Mais il va falloir un peu de temps pour que la déstabilisation disparaisse au niveau individuel. Pour certains, cela ira plus vite que pour d’autres. Cela dépend de nombreux facteurs :
- L’âge
- Les relations sociales
- Le bagage en terme d’anxiété
- L’histoire personnelle
- En couple ou non
- Avec des enfants ou non
A minima, il faut du temps pour digérer tout ce vécu. Les 15 derniers mois ont existé et on eu des effets sur nous en tant que population. Les troubles anxieux et la dépression semblent avoir augmenté.
Même sans aller dans ces manifestations plutôt lourdes on peut en constater de plus légères.
L’ambivalence du retour à la vie normale
Les périodes de déconfinement sont à la fois vécues comme des moments de joie exagérée par certains ou avec une appréhension par d’autres.
Ce n’est pas anormal de ressentir tous ces sentiments contradictoires, d’avoir à la fois envie de reprendre une vie normale mais pas la vie normale d’avant.
Pourquoi?
Pour beaucoup, les 15 derniers mois ont été l’occasion de se rendre compte de ce qui était vraiment d’important pour eux. Cela passe par l’envie de donner du sens à ce que l’on fait, à notre travail, notre vie, nos relations qu’elles soient amicales, professionnelles ou familiales.
D’autres facteurs plus psychologiques entrent aussi en jeu. Selon que la personne est de nature introvertie ou extravertie, son rapport au monde et à la vie s’en voit grandement influencé.
Parmi ceux qui ont le mieux vécu les confinements, on trouve souvent des gens plutôt introvertis. Même si la période a été angoissante, se retrouver dans leur bulle les a rassuré dans une certaine mesure. La limitation totale des relations sociales leur a permis de ne plus vivre la négociation intérieure permanente pour décider s’ils disent oui ou non à une sollicitation.
Pour les introvertis, le retour à la vie normale peut-être vécu comme le retour à une situation inconfortable.
On pourrait presque dire que pour les gens plus extravertis, la situation est totalement inversée. Ils ont plus souffert de la limitation des relations sociales et ce d’autant plus qu’ils ont été isolés pendant les restrictions.
Pour les extravertis, le retour à la vie normale peut avoir un goût de trop peu, pas assez vite, pas assez normal.
Quelque soit le côté vers lequel vous penchez, il y a une forme d’anxiété qu’il faut apprendre à gérer.
Cette situation inédite a été source de nombreuses émotions et ressentis : le choc du départ, la peur, la colère, la frustration.
La majorité a su prendre le recul nécessaire pour apprendre à faire avec son anxiété. Vivre avec tout en l’empêchant de prendre toute la place.
Bien sûr, c’est quand elle prend toute la place qu’elle peut entraîner des symptômes psychologiques et physiques. Dans ce cas, il ne faut pas rester seul.e. Le médecin, le psychologue et bien d’autres sont là pour ça.
La vie reprend et c’est une bonne chose pour notre moral à tous même si la vigilance reste de mise. Mais il est important qu’elle reprenne à votre propre rythme en respectant vos besoins. C’est la seule démarche qui permet de ne pas s’épuiser pour la suite.
Gardons nos forces et nos ressources en nous centrant le plus possible sur le moment présent car c’est bien le présent le plus important.