L’été et les départs en vacances réactivent parfois un sentiment d’isolement…

La question peut surprendre, je vous l’accorde. Il n’y a pas de mauvais moment pour commencer un travail de thérapie. On peut commencer une thérapie en été, il n’y a pas de contre-indication. Mais alors pourquoi cette question de “Bonne ou mauvaise idée” ?

Depuis quelques années, j’observe un schéma qui m’interroge. À la jonction des mois de juin/juillet puis à la jonction des mois de juillet/août, je constate chaque année un pic de demandes de personnes qui veulent entamer un travail de thérapie.

Le point commun de ces demandes c’est qu’elles concernent le plus souvent des personnes qui vivent un mal-être depuis longtemps. Elles voudraient enfin commencer un suivi. Cependant, elles craignent que la probabilité qu’il soit interrompu rapidement soit élevée puisque c’est la période des vacances estivales, y compris pour les thérapeutes.

Leur démarche est réelle et souhaitable car, je le répète, il n’y a pas de mauvais moment pour commencer un travail de thérapie.

La question que je me pose est la suivante: Quelle est la part de nécessité absolue ressentie et d’acte manqué de ces appels ?

Je m’explique…

Nécessité et acte manqué

Je n’ai aucun doute sur le fait que la nécessité est le plus souvent réelle. C’est la raison de ces appels sous le signe de l’urgence. L’été et les départs en vacances réactivent souvent un sentiment d’isolement chez les gens en souffrance psychique (un peu à la manière de la période de Noël par exemple).

En été, j’observe souvent un sentiment de crise plus aigu chez certains nouveaux patients qui ne sont pas suivis. Quand ces sentiments sont présents et forts, il est parfaitement normal et pertinent de chercher de l’aide.

Mais parfois il y a aussi une part d’acte manqué à chercher de l’aide à un moment où l’on risque le plus de trouver porte close. Par définition, ce n’est pas un acte conscient et délibéré de la personne.

C’est un peu comme si, inconsciemment, la personne se disait qu’elle veut enfin prendre soin d’elle et entamer un travail, mais elle le fait à un moment où le thérapeute ne sera pas disponible soit parce que déjà en vacances ou parce qu’il prendra ses congés après une ou deux séances.

Le plus embêtant dans ce cas, ce sont les conséquences pour la personne qui se lance dans cette démarche. De fait, ce genre de situation peut parfois entraîner :

  • Un mélange de déception et d’agacement contre le thérapeute, voire contre le système de soins dans son ensemble.
  • L’activation d’un sentiment d’abandon quand le thérapeute prend ses congés.
  • Une peur d’impermanence à la rentrée. Il n’y aura peut-être plus de créneau disponible une fois que tout le monde sera rentré.

C’est un ensemble de sentiments et de craintes qui peuvent ne pas faire bon ménage avec une souffrance psychologique déjà installée.

Dans certains autres cas, la personne cherche à “remplacer” son thérapeute habituel, parti en vacances, par des consultations avec un autre psychologue pendant l’été. Cet aller-retour n’est pas forcément une bonne idée s’il n’est pas concerté avec le thérapeute habituel ou le “remplaçant”. Il est toujours plus judicieux de clarifier la démarche pour engager une nouvelle thérapie, fut-elle provisoire, dans de bonnes conditions si besoin.

D’un autre côté, l’été pour tout un chacun, est aussi une période qui est propice à la réflexion et à la prise de recul. Il n’est donc pas étonnant que la décision de prendre soin de soi arrive à ce moment.

Comment trouver une prise en charge au coeur de l’été ?

Alors que faire si vous êtes dans cette situation d’urgence une fois l’été arrivé ? Comment naviguer entre les Centres Médico-Psychologiques surchargés et les psychiatres et psychologues libéraux qui ne peuvent gérer toutes les situations de crise?

  • Ne renoncez pas. Vous avez décidé de prendre soin de vous, c’est bien.
  • Soyez patient. Vous trouverez sûrement un professionnel qui pourra vous prendre en charge.
  • Consultez votre médecin traitant ou un cabinet médical pour ne pas rester seul. Ils pourront éventuellement vous orienter.
  • Les lignes d’écoute, de même que certaines associations, peuvent être une ressource très utile au creux de l’été.
  • En cas de détresse psychologique grave, les centres d’urgence comme le Centre Psychiatrique d’Orientation et d’Accueil (à Paris) sont accessibles sans rendez-vous.
  • Si vous cherchez une prise en charge en attendant le retour de votre thérapeute habituel, acceptez la clarification de la démarche.

Si vous n’arrivez pas à trouver une prise en charge en plein été, ne renoncez pas… Retentez à la rentrée. Vous avez décidé de prendre soin de vous, c’est le premier pas, le plus important de tous.

Et souvenez-vous, il n’y a pas de mauvais moment pour entamer un travail thérapeutique !