Le thérapeute accompagne sur le chemin de la thérapie mais le but est qu’à terme, le patient n’ait plus besoin de lui.

La psychothérapie repose avant tout sur deux processus principaux : la demande d’aide du patient et l’alliance thérapeutique c’est à dire une relation de confiance entre le patient et le thérapeute.

Pour que la thérapie ait toutes les chances de fonctionner, il est essentiel que le patient comprenne que les changements vont avant tout venir de lui-même et pas uniquement de l’intervention du thérapeute. Bien évidemment, le thérapeute joue un rôle dans l’émergence de ces changements.

Néanmoins, le patient reste autonome dans sa thérapie. Il est en grande partie responsable de son évolution dans la thérapie.

Le thérapeute, quant à lui, se doit d’être le garant de la sécurité psychologique du patient. Il l’assure en créant le cadre thérapeutique adéquat (traitement, orientation, adaptation de l’approche thérapeutique, etc…) et, si besoin, il alerte le patient.

La responsabilité dans sa thérapie est un levier de changement

Il ne s’agit pas de culpabiliser ou de se juger. La responsabilité dans sa thérapie, c’est cultiver un sentiment d’être acteur de sa thérapie comme on est acteur de sa vie.

Le rôle du thérapeute est d’accompagner le patient dans ce processus. Le thérapeute aide. Il guide parfois. Mais il ne fait jamais à la place de son patient, surtout lorsqu’il s’agit de choix de vie. Ceci relève de la responsabilité du patient.

En thérapie, le patient est responsable de ses choix tout du long. C’est le patient qui choisit :

  • d’adhérer ou non à la thérapie.
  • d’y trouver son compte ou pas.
  • de faire ou non les choses pour sortir de la situation de crise et aller mieux.

Le thérapeute aide le patient sur tous ces aspects mais c’est ce dernier qui a le pouvoir d’agir dans sa vie quotidienne. Entendons-nous bien, quand je parle de responsabilité, il ne s’agit pas d’un jugement. Je ne dis pas non plus que “C’est une question de volonté !”

À mon sens, cette responsabilité du patient me semble être à la base d’une relation thérapeutique saine où le patient :

  • Se sent libre de ses choix.
  • Est éclairé par le thérapeute.
  • N’est pas prisonnier de la relation thérapeutique.

Une relation thérapeutique saine

La relation thérapeutique est saine pour le patient quand elle n’est pas étouffante et n’induit pas de dépendance. C’est une relation qui aide le patient à se sentir plus libre et responsable.

Dans une relation thérapeutique saine, vous êtes libre de faire vos choix. Vous avez le droit de vous tromper. Vous avez le droit de faire le point sur vos avancées. Vous êtes libre de décider si vous avez suffisamment avancé ou pas assez.

J’ai parfois des patients qui sont dans une forme de “résistance” à la thérapie dont la manifestation la plus fréquente est une tendance à vouloir tout remettre entre les mains du thérapeute. C’est un mécanisme normal, transposition d’un mécanisme de report de responsabilité sur les autres dans leur vie.

C’est un mécanisme normal mais il n’aide ni à agir, ni à se sentir libre. Au contraire, c’est un mécanisme qui peut potentiellement bloquer dans une forme de passivité et qui peut donner lieu à une forme pernicieuse de victimisation.

Souvent, j’entends des patients à bout qui me disent qu’ils ont tout essayé mais que ça ne marche toujours pas. La clé, s’il y en avait qu’une, c’est de vous laisser du temps !

La thérapie est un chemin

Prendre les choses en main pour agir concrètement dans la vie quotidienne, en lien avec ce qui se dit en thérapie, ne veut pas dire que c’est chose facile ni que tout est réglé pour le patient.

Le résultat immédiat est illusoire. Ce qui importe en thérapie, c’est le chemin à parcourir parce que les résultats significatifs sont au bout de ce chemin.

Les attentes irréalistes – “je veux aller mieux tout de suite” – sont contreproductives.

Métaphoriquement, c’est comme si vous preniez le risque de brûler trop d’énergie sur cet objectif initial, vous privant d’énergie pour ensuite aller de l’avant vers l’objectif réel de la thérapie.

Laissez-vous du temps. Essayez de faire les choses en acceptant votre part de responsabilité dans le mal-être que vous vivez. Ça peut paraître paradoxal mais vous commencerez à vous sentir mieux petit à petit.

Vous n’êtes pas coupable du mal-être que vous vivez. Mais votre responsabilité est de regagner un peu de contrôle pour pouvoir agir à nouveau. Et cela passe par une phase inconfortable de déception vis-à-vis de soi-même.

C’est une phase qui met forcément mal à l’aise. Le thérapeute est là pour vous soutenir et vous accompagner. Il vous soutient dans le processus d’acceptation de cet état. Il vous accompagne pour le dépasser.

Ne pas accepter cet état, c’est courir un risque de dépendance au lien thérapeutique qui est, presque par définition, une relation thérapeutique malsaine. C’est une relation qui risque de vous décevoir du fait d’attentes trop élevées. En remettant la “faute” sur le thérapeute, à l’image de ce qu’on peut faire dans la vie en remettant la faute sur l’entourage, on s’éloigne de ce qu’on l’on ressent réellement.

Prendre sa responsabilité c’est tout simplement avancer par soi-même… ou au moins essayer. Même si un thérapeute vous accompagne, soyez conscient que son but est qu’à terme, vous n’ayez plus besoin de lui. C’est en ayant conscience de ça, dès le début de la thérapie, que vous entrerez pleinement dans ce processus de mieux-être et d’autonomie.